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Famille Burkina Faso
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2 septembre 2008

Elles font leur trou dans les ordures

La propreté est un enjeu important de la commune. D'ailleurs, quand on voit Ouaga et qu'on compare avec d'autres villes africaines, on ne peut que constater que c'est une ville plus propre que beaucoup d'autres.

La ville de Lyon a envoyé une dizaine de camions poubelles depuis les années 90 et aujourd'hui, 8 sont encore en fonctionnement. Ces camions ramassent les poubelles sur les rues bitumées (10% de 2000 km sont bitumées). Sur le reste de la ville, le ramassage est fait par des groupement de femmes qui circulent avec des charrettes à ânes.

Un article de la presse locale présente leur travail:
   

Elles sont environ une soixantaine, du Groupement inter économique/Action pour la protection de l’environnement (GIE/APE), ces braves femmes qui débarrassent les ménages de leurs ordures quotidiennes. Dévouées qu’elles sont, elles travaillent donc à l’assainissement du cadre de vie familial des foyers pour gagner leur vie.

La bonne santé, il est utile de le rappeler, est le concours de plusieurs facteurs dont l’assainissement du cadre de vie. Le ramassage des ordures ménagères s’impose donc comme une condition essentielle au bien-être familial et, par conséquent, à une vie active épanouie. C’est du moins ce à quoi s’attellent ces femmes, majoritairement démunies, réunies au sein du GIE/APE.

En effet, après un appel d’offres pour le ramassage des ordures ménagères, lancé par la commune de Ouagadougou en 2003, le GIE/APE, ce regroupement de 10 associations féminines, fut retenu dans la zone 12 qu’est l’arrondissement de Sig-Noghin.

Engagé dès lors, le groupement, à travers ses membres, œuvre, une fois par semaine, soit quatre fois dans le mois, à vider les poubelles des ménages abonnés au ramassage de leurs ordures ; un service rendu à un coût mensuel de 500 FCFA.

Pour un travail qu’on croirait facile, Emilienne Sawadogo confesse les difficultés quotidiennes qu’elle rencontre : "Souvent, tu rentres chez quelqu’un pour vider sa poubelle, et le chien aboie ; il vient vers toi et personne ne parle. Il y a aussi des gens qui jettent le reste des repas avec la sauce dans leur poubelle. Le tout pourrit et l’odeur est insupportable.

Parfois, ils mettent des choses, des affaires personnelles qui ne doivent pas se mettre dans une poubelle. Je demande donc aux gens de nous respecter. Notre travail n’est pas un travail banal. Nous travaillons pour leur bien et leur santé". Il se pose alors la question de leur suivi médical.

A cet effet, Emmanuel Ouoba, membre du GIE, assure : "Nous avons des boîtes de santé par association qui les suivent. Après consultation à l’hôpital, l’association le ur donne les produits prescrits dans l’ordonnance. Elle leur donne également, à titre préventif, des bottes, des gants et des cache-nez".

Travail pénible à risques sanitaires évidents. C’est donc le métier qu’exercent ces mères pour vivre. Mais qu’en est-il de leur rémunération ? Une vraie misère, l’aurait-on qualifiée, si l’on sait qu’elles n’ont que 15 000 FCFA environ par mois. Mais Emmanuel Ouoba s’en défend en clarifiant les choses :

"Avec les femmes, on ne parle pas de salaire. D’abord parce qu’il s’agit d’associations à caractère social et ensuite tout dépend des recettes du mois. On en déduit les frais d’entretien des ânes, on renouvelle le matériel abîmé, ensuite vient le personnel. Néanmoins, elles gagnent au moins 15 000 FCFA à la fin du mois".

Mais l’importance de ce modique salaire qui, parfois tarde à venir avec les retards dans le paiement des abonnés, est unanimement reconnue. En effet, si pour Marie Tapsoba, sa famille "vit grâce à ce travail", pour Jeanne Nikiéma et Alima Kaboré, qui, toutes deux, exercent le métier depuis 7 ans, il leur confère une certaine autonomie dans la satisfaction de leurs besoins personnels et de ceux de leurs enfants.

Malgré tout, la coordonnatrice du groupement à la direction de la propreté, Safiatou Sylla, tire une satisfaction du travail parce que "non seulement il occupe utilement les femmes, mais aussi contribue à la propreté de la commune et par conséquent à la bonne santé des populations.

Et cela, un audit de la commune de Ouagadougou l’a constaté puisque le GIE a été le meilleur dans l’accomplissement des tâches qui lui ont été confiées". Si le GIE attend le soutien de bonnes volontés et particulièrement de la mairie, l’autorité municipale, elle, entend les choses d’une autre oreille.

Pour Boukary Tondé, technicien de génie civil à la mairie de Sig-Noghin, "l’appel d’offres est une vision prospective, une meilleure organisation de l’activité plutôt qu’un désengagement de la mairie. Ainsi, elle n’a pas d’accompagnement financier pour ces femmes. Tout dépend de la politique de marketing du GIE, qui doit travailler à sensibiliser les ménages en les invitant à s’abonner.

La mairie intervient cependant au cas où un différend les oppose aux populations. Elle leur apporte également son aide en recensant les tas d’ordures sauvages que les populations jettent dans les réserves en saisissant la direction de la propreté, qui les aide à ramasser ces ordures".

Si le ramassage des ordures est un métier que les populations tendent à banaliser, il est temps qu’elles prennent conscience de sa place capitale dans notre épanouissement.

La mairie les invite donc à plus de civisme, car jeter les ordures partout pollue l’environnement, et cela constitue un danger que court déjà notre planète."

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