Mission de civiliser...

La question de l'immigration vue d'ici...

Lu dans la presse locale :

"Ce mois d’août un sondage effectué par la chaîne de télévision RTBF et diffusé sur TV5 a montré que la quasi-totalité des touristes est unanime à reconnaître que les Français sont le peuple le plus antipathique d’Europe. Arrogants pour les uns, sales pour les autres impertinents ou manquant d’éducation pour beaucoup, ce sondage est assez réaliste diront d’eux-mêmes des Français et pour arranger les choses, la France n’arrête pas d’humilier les migrants de ces colonies comme si toute réflexion lui était interdite face à un problème qui, au bout du compte, relève de son histoire.

Il est vrai que, réputés ne pas avoir leur langue dans leur poche, les Français sont passés maîtres dans l’art d’agacer les autres à travers des propos dont l’utilité s’efface trop souvent devant la futilité. Cet engouement pour une logomachie qui reste malléable et adaptable aux réactions des interlocuteurs ne prêterait pas à conséquence si sur d’autres fronts (plus concrets et peu perméables au louvoiement) la France faisait preuve de clairvoyance, d’équité de fermeté et d’analyse conséquentes.

En effet, parmi les pays d’Europe, la France, plus que d’autres est la cible de flux migratoires en provenance de ses anciennes colonies et face auxquels elle apporte des réponses frileuses, et surtout peu arrimées à la réalité africaine. Faut-il le dire ? La France s’applique à se rendre détestable à travers des mesures dont la petitesse et la mesquinerie sont perceptibles de tous.

Pourquoi cristalliser (ô le beau mot !) les pensions des anciens combattants africains lorsque ceux-ci, au même titre que les Français d’origine ont souffert et versé leur sang pour la France ? La France sort-elle grandie de cet exercice de discrimination où amasse-t-elle contre elle le ressentiment des fils de ces anciens combattants et de tous ceux qui la voit agir dans une telle nudité ? Si, là où il fallait être juste et impartial la France avait fait preuve d’humanisme et d’équité, elle pouvait, avec l’approbation de tous, faire preuve d’un radicalisme non contestable face aux migrants aujourd’hui alors percevables comme l’excroissance indésirable d’une colonisation qui, quoique mercantiliste à la base s’est montrée attachée aux valeurs humaines à travers la diversité des peuples. Renvoyer les sans-papiers par vols réguliers donne à la France un visage qui la desservira inévitablement.

Ce pays gagne des milliards d’euros par an rien qu’en garantissant la monnaie de ses colonies face aux autres monnaies à travers le monde et à cause de ce qu’elle tire et attend de ses obligés, il lui eut fallu choisir des méthodes plus nobles, plus intelligentes et plus charitables de lutte contre les migrants clandestins. Il faut s’attendre à ce que, dans les prochaines années, les pays africains atteignent une masse intellectuelle critique qui va généraliser la connaissance objective du monde et des événements et infléchir le cours d’une histoire que ne peuvent plus seules façonner la ruse et la force armée. Rendant à César ce qui appartient à César, il faut reconnaître aux migrants des droits directement proportionnels aux pillages et exactions dont leurs pays sont l’objet et « penser » à leur sujet plutôt que de les renvoyer manu militari même s’ils sont hors la loi. La migration est une normalité et un défi auxquels il faut donner en priorité une dimension humaine.

Malheureusement, il n’y a pas une réponse française à la migration ni une recherche d’adéquation entre ce qu’elle gagne de cette dernière et ce que celle-ci lui « coûte » en retour. La réflexion pourtant peut être menée de façon utile de manière à quitter un terrain superficiel qui ne résout rien. Aligner des requérants sous un soleil de plomb sous prétexte qu’ils demandent un visa, donner un numéro de téléphone dont l’appel coûte plus cher que la moyenne du pays n’honorent pas une nation qui s’est pourtant donnée pour mission de « civiliser ».