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Famille Burkina Faso
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9 novembre 2008

Thank you America !

ObamaLa victoire de Barack Obama a eu un fort impact ici. Beaucoup de burkinabés que nos cotoyons, sont restés toute la nuit devant leur poste de téle le 4 novembre. Et le lendemain, il y a avait vraiment une fierté et en même temps, un certain réalisme sur les futures conséquences pour l'Afrique.

Ainsi, ce commentaire d'un lecteur à un article de la presse locale :      

"Les Africains doivent relativiser l’espoir que cela peut constituer pour eux tout en s’inspirant de l’exemple que leur donne le pays de l’Oncle Sam.

“They did it ! Ils l’ont fait. Au bout d’une campagne pleine de sensations et de rebondissements comme seule l’Amérique sait les orchestrer ; au bout d’une journée électorale, au cours de laquelle chaque Américain en âge de voter semble avoir tenu à marquer de sa voix un changement sans précédent dans l’histoire d’une nation à nulle autre pareille ; au bout d’une nuit de veille quasi planétaire dans un suspense intenable, les américains ont élu Barack Obama, un homme de couleur, à la tête du pays le plus puissant du monde.

L’espace d’un scrutin présidentiel aux Etats-Unis d’Amérique, voici renaître aux quatre coins de la terre l’espoir immense d’un monde meilleur, plus paisible et plus tolérant. Cela, seule l’Amérique est capable de le faire. Assurément, face à une telle démonstration de maturité politique et démocratique, le peuple américain mérite respect et admiration. Merci, mille fois merci à cette Amérique, qui ne cesse de faire rêver et qui, dans les moments les plus difficiles de l’histoire de notre humanité, a toujours su montrer le chemin à suivre.

En élisant un pur symbole et produit du « rêve américain » à la tête de la Maison-Blanche, les Américains (Noirs, Blancs, Jaunes, Verts ou Rouges) ont infligé une monumentale leçon de patriotisme au reste du monde. J’entends depuis s’élever d’Afrique d’innombrables voix pour se gargariser bruyamment de la victoire de Barack Obama. Vu d’ici, du fait que son père fut Kenyan, l’évènement se résume en quelque sorte à la victoire d’un fils du continent au pays de l’Oncle Sam. Au risque de doucher quelque peu l’enthousiasme euphorique ambiant, il m’a semblé dès lors qu’il faille mieux restituer les choses dans leur juste contexte.

Que nul ne me soupçonne de ne pas me réjouir de l’incroyable success story d’un Américain ayant du sang noir dans les veines. Ce serait faire injure à ma parfaite connaissance de l’histoire et de la souffrance qu’ont endurée les Noirs d’Amérique. Cependant, quiconque voudrait réduire la victoire d’Obama à la dimension raciale de ses origines se trompe lourdement et est un piètre récupérateur.

Certes, Barack Obama est un métis, né d’un père Kenyan et d’une mère Américaine. Certes aussi, son élection aux plus hautes fonctions dans un pays où une poignée d’abrutis continuent de nier à tout ce qui s’apparente au Noir tout humanisme et toute forme d’égalitarisme vis-à-vis des individus de race blanche constitue, à n’en point douter, un tournant historique décisif dans la perception sociale de cette catégorie d’Américains à laquelle appartient le futur locataire de la Maison-Blanche.

Pour preuve, les larmes émouvantes et insupportables du Révérend Pasteur Jessie Jackson sur les écrans de télévisions à l’annonce de l’évènement. Ne voir cette victoire que sous le prisme racial me semble cependant un dangereux précédent. Au-delà de ses origines raciales, Barack Obama est avant et après tout un symbole de l’Amérique nouvelle.

Cette Amérique où, de plus en plus, la couleur de peau n’a quasiment plus aucune signification sociale. Ceux qui ont eu la chance de traîner un jour aux abords de Wall Street en ont certainement été édifiés, par les balais de grosses limousines conduisant au cœur des affaires des Noirs Américains visiblement fortunés et acteurs centraux de l’économie de leur pays. Aux Etats-Unis plus que nulle part ailleurs au monde, le succès se trouve au bout du mérite personnel, bien plus souvent qu’aux avantages ou aux inconvénients liés à une quelconque origine ou couleur de peau.

Les Américains d’aujourd’hui ne s’y trompent pas. C’est pourquoi, en élisant Barack Obama à une si confortable majorité à la Maison-Blanche, je suis persuadé que très peu d’entre ces électeurs ont prêté fondamentalement attention à ses origines Kenyanes ou à la couleur de sa peau. Dès le début de sa campagne, fort intelligemment, Obama lui-même a tenu à lever toute équivoque sur le sujet.

Candidat affiché de la communauté noire, nul doute que les choses eussent été singulièrement plus compliquées pour lui pour se faire accepter et plébisciter comme il l’a été par l’Amérique entière, multiraciale. Du reste, son principal adversaire aura-t-il vainement tenté de l’attirer sur un tel terrain.

Si fait que, au risque une fois de plus de décevoir tous ceux qui voient en Obama le cousin Africain qui va en mettre plein les poches du continent d’origine de son père, il faut plutôt saluer en cette élection la grandeur d’esprit et de vision du peuple américain.

Un peuple au pragmatisme reconnu et éprouvé qui, au bout de huit années d’une gouvernance arrogante et belliciste de la part de l’administration sortante, a bien senti le besoin et la nécessité de changer son fusil d’épaule. Histoire sans doute, espère-t-il, de donner à un président et à des dirigeants d’une nouvelle génération la chance d’apporter les changements dont le pays a tant besoin au niveau intérieur, de même que de tenter d’en redorer l’image ternie aux yeux du reste du monde. C’est de cela qu’il s’agit et de rien d’autre.

Sans bouder notre joie, je dis donc à mes frères africains, « rendons à César ce qui est à César ». Dépassant les clivages et les préjugés raciaux que nous lui avons si souvent prêtés volontiers, le peuple américain, dans son enrichissante diversité raciale et culturelle, a su se doter du président qu’il a jugé le mieux à même de sauver l’Amérique et (pourquoi pas ?) le monde, en ces périodes de crises et d’incertitudes diverses. Souhaitons à Barack Obama bonne chance et plein succès, sans pour autant nous sentir obligés d’aller lui compliquer davantage la tâche avec des espoirs et des attentes iniques d’un continent en mal de se construire lui-même une propre identité.

Sans connaître la Constitution Kenyane, il est permis de douter que s’il était resté citoyen du pays de son père, Barack Obama aurait eu ne serait-ce que la simple possibilité de se porter candidat à la présidence du Kenya. La plupart des Constitutions africaines ne disposent-elles pas, cyniquement, que pour être candidat à la présidence de nos Etats, il faut être né citoyen de père et de mère, eux-mêmes nés citoyens de son propre pays ?

Quelle hérésie, n’est-ce pas ? Comme si le patriotisme se transmettait par le sang. En Afrique, il nous faut tirer leçon de ce qui s’est passé aux Etats-Unis d’Amérique en cet historique mardi 04 novembre 2008. Et tâcher de nous convaincre collectivement et individuellement qu’aucune nation ne peut se construire sans peuple.

Et le peuple, ce n’est pas la sommation d’ethnies ou de communautés qui vivent les unes à côté des autres, jalouses chacune de ses particularismes (le plus souvent archaïques et inopérants du point de vue de la modernité et de l’élan vers un développement collectif profitable à tous) et se regardant en chiens de faïence.

Tant qu’au Rwanda, au Burundi, en Ouganda, en RDC, en Côte d’Ivoire, au Zimbabwe, voire au Kenya (tiens, tiens…) des Africains de même peau noire continueront de s’étriper à coups de machettes et de gourdins sur la base d’appartenances et/ou de considérations ethniques ou régionalistes, gardons notre identitarisme communautaire pour nous-mêmes. Et surtout, n’allons pas souiller le mandat d’Obama avec une quelconque image d’africanité de ses origines.

Merci une fois de plus au peuple américain pour sa tolérance et la leçon d’humilité donnée au monde. Bon vent au Président Barack Obama. Que Dieu guide ses pas à la Maison- Blanche, sur les chemins de la réparation et de la reconstruction de tout ce que son prédécesseur a pu détruire en termes aussi bien de réussite et de bonheur des Américains chez eux que d’équilibre et de paix à travers le monde. "

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