Les politiques d'immigration du Nord vues du Sud...
Lu dans la presse locale :
Le Burkina ne renvoie pas à l’image de la Mauritanie ou du
Sénégal où des vagues massives de populations, à bord d’embarcations de
fortune, tentent de forcer les portes de plus en plus infranchissables
de l’Occident, au risque de leur vie. En raison de la relative qualité
des candidatures burkinabè à l’immigration, le pays des hommes intègres
ne semble pas troubler le sommeil des agents des services
d’immigrations français.
Qu’à cela ne tienne , en tournée dans la sous-région, Brice Hortefeux,
ministre français de l’Intégration, de l’Identité nationale et du
codéveloppement, a jugé bon de faire escale à Ouagadougou où il a
évoqué, avec le chef de l’Etat burkinabè, la question de l’immigration.
Le pays de Nicolas Sarkozy s’apprêterait à signer rapidement avec le
Burkina, un accord dont on imagine qu’il va notamment contribuer à
lutter contre l’immigration clandestine. Si tel est le cas, ce serait
tant mieux si l’accord en question permettait de baliser le terrain
pour prévenir d’éventuels drames à des émigrés qui ne se seraient rendu
compte des énormes risques qu’ils auraient pris que… bien trop tard.
Malgré tout, on parlera encore longtemps de l’immigration clandestine.
Et ce sera malheureusement ainsi tant que l’horizon sera bouché pour
des millions de jeunes Africains désoeuvrés et désorientés, et qui ont
fini par se pénétrer de l’idée que leur salut ne viendra que de
l’Occident. Il faudra donc s’attendre encore à voir ces tristes images
de corps sans vie rejetés par l'océan. Tout cela parce que les
déséquilibres de développement deviennent de plus en plus marqués entre
le Nord et le Sud.
Les nouvelles en provenance des limites géographiques entre l’Afrique
et l’Occident renseigne sur un fait : on aura beau placer tout un
arsenal destiné à barricader les frontières du Nord, des vagues
désemparées d’affamés et de sans-culottes reviendront toujours à
l’assaut malgré leurs tentatives infructueuses pour réaliser coûte que
coûte leurs rêves. C’est cela la réalité. Une réalité qui ne pouvait
qu’amener les dirigeants des pays riches à tenter une autre approche en
matière de politiques d'immigration. Mais une question : pourquoi
s’entêter à séparer les humains quand la nature veut qu’ils se
frottent, par-delà même les frontières ? Il est heureux cependant que
la France et bien d’autres pays du Nord commencent enfin à comprendre
qu'ils faisaient fausse route, la tendance actuelle étant à la
conclusion d’accords avec certains pays africains, dans le but de mieux
discipliner et d'encadrer les flux migratoires vers l’Occident.
Se mettre d’accord, tenter de trouver un juste milieu, de sorte que
chacun puisse y trouver son compte, voilà qui est plus indiqué. Cette
démarche est en tout cas préférable aux positions unilatérales
tranchées, dont les résultats ont d’ailleurs montré leurs limites.
Après le Mali et le Sénégal, ce serait donc le tour de Ouagadougou
d’entrer en négociations avec Paris. Reste à savoir quel type d’accord
sera conclu. Il faut espérer que ce soit un accord qui défende aussi
les intérêts du Burkina ; un accord qui ne sonne pas comme la chronique
annoncée de la fuite des cerveaux burkinabè.