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Famille Burkina Faso
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8 juin 2008

L'oral et l'écrit

Nous sommes d'une civilisation de l'écrit et on regarde souvent les civilisations de l'oral comme moins développées. C'est une question que l'on rencontre chaque jour, ici, lorsque l'on discute avec des burkinabè sur différents sujets. Voici un extrait de l'ouvrage "L’essentiel de la sagesse africaine"  Presse du Châtelet :

…Comme il est difficile de rencontrer, pour de bon, un autre être humain et, plus encore une autre civilisation que celle que nous connaissons. Il est difficile de ne pas juger l’autre à partir de soi même et de voir le monde à travers d’autres yeux.

Pour notre culture occidentale admettre la profondeur de la vision du monde Dogon, mandingue, Bambara comme de tant d’autres, c’est reconnaitre qu’il existe une toute autre forme de sagesse que celle à laquelle nous sommes généralement habitués.

La sagesse africaine repose sur la tradition orale qui est l’ensemble de tous les types de témoignages transmis verbalement par un peuple sur son passé. Il est essentiel de ne pas penser l’oralité à partir de l’écrit pour percevoir sa grandeur propre. Nous ne connaissons presque plus rien par cœur, là où les anciens africains connaissent des volumes entiers, il nous faut faire un effort pour comprendre le génie de l’oralité.

Platon, dans le Phèdre souligne qu’avec l’écrit un changement se produit qu’il ne faut pas considérer comme un progrès. Ai Dieu Theuth, venu présenter l’invention de l’écriture comme le remède à l’oubli et à la science, le roi Thamous rappelle que ce n’est pas le même homme qui peut inventer l’art et juger des avantages et inconvénients qui s’ensuivront. Cet art, explique Platon, entraînera l’oubli dans l’âme de ceux qui se fieront aux signes fixes.

L’écriture n’est pas un moyen de développer la mémoire mais, au contraire de la soulager et c’est seulement de la « remémorisation » qu’elle est le remède.

L’écriture est comme un tableau qui donne l’image des vivants mais qui reste muet quand on l’interroge et répète toujours la même chose. Sans son « père », il ne peut se défendre contre les attaques et les objections.

L’oralité se déploie en s’appuyant sur les ressources de la mémoire qu’il ne faut pas comprendre mécaniquement, comme l’enregistrement d’information, mais comme la manière proprement humaine de savoir ce qui et mémorable et d’instituer ainsi l’humanité dans un temps précis.

Toutes les formes d’oralité, qui constituent la sagesse africaine, reposent sur le souci d’inscrire l’homme dans un destin et une lignée. En effet, l’authenticité n’est pas perçue dans le monde de l’oralité comme répétition identique, ou rigidité dogmatique, mais comme fidélité à ce qui est en eju dans la parole.

Celui qui parle de mémoire est d’abord un être vivant qui habite la parole et peut ainsi toucher l’auditeur de plein fouet. Sa parole l’habite….

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