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Famille Burkina Faso
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16 avril 2010

"Une seule femme pour engendrer un enfant, tout un village pour l'éduquer"

 

On a eu de la chance..c'est la magie de l'Afrique,..nous avons appris par hasard qu'il y avait peut être une initiation, à laquelle nous pourrions assister...Ici, on apprend les choses au dernier moment, ou par hasard....mais est ce le hasard ?...

"Une seule femme pour engendrer un enfant, tout un village pour l'éduquer" : proverbe africain, qui illustre si bien la fête d’initiation à laquelle nous avons pu assister à Boni (sud ouest du Burkina) dans l’ethnie des Bwaba.

InitiationBoni2L’initiation est un phénomène collectif d’inspiration religieuse d’une très grande portée sociale. C’est une obligation civique de tous les membres des deux sexes de la société traditionnelle. Elle regroupe des jeunes des deux sexes d’une même classe d’âge (à cinq années près) ; chaque concession (cour) doit être représentée. L’initiation se matérialise principalement pas des cérémonies basées sur des épreuves d’endurance à la douleur. Moteur de la vie sociale et religieuse de la communauté villageoise, la divinité Do commande l'organisation de la société en classes d'âge et, à travers elles, l'intégration communautaire des différents groupes familiaux. L'institution du Do regroupe en classes d'âge tous les garçons et filles d'un même village pour les conduire, à travers l'initiation, à la connaissance des valeurs sociales de la communauté. Ces rites d'initiation marquent le passage de l'enfant dans le monde des adultes et concernent l'ensemble des tâches collectives que les initiés d'une promotion doivent accomplir, avant d'accéder au grade supérieur dans la hiérarchie de l'institution du Do. Après leur initiation les 188 jeunes garçons et filles de 15 à 22 ans seront aptes au port et à la danse du masque.

Les garçons se sont retirés plusieurs jours dans un camp de brousse à caractère sacré – ou école de brousse -  où ils doivent s’entraîner à subir les coups et les humiliations et à supporter la souffrance, la faim et la soif. 

Les filles rentrent la nuit chez elles car selon le chef du village de Boni « ce ne serait pas gérable ».

Une initiation à la fois physique, intellectuelle et morale est dispensée par l’initiateur. Les initiés se considèrent comme frères et sœurs tout le reste de leur vie avec des règles d’obligation… plusieurs mariages auront lieu dans l’année qui suit l’initiation quand le jeune homme aura  construit sa case (confidence du chef de village) … La fin du rite marque la renaissance de l’initié parmi le monde des adultes… c’est à cette fête que nous avons pu assister – fête qui a lieu tous les 7 ans.

Cette fête pour clore l’initiation est marquée par la musique, la danse et les masques : les masques sont l’incarnation des génies, des forces de la nature, des esprits des ancêtres mythiques, qui intercèdent auprès du Do,  

Le porteur de masque ne appartient plus, il est possédé par l’esprit qui commande tous les mouvements de son corps au son cadencé des tambours, balafons et flûtes. Les jeunes initiés garçons reçoivent au cours de l’initiation l’enseignement des significations des masques.

A l’hôtel des masques de Boni, certains seront choisis pour incarner les masques pour la fête et les revêtiront aidés des autres initiés. Ces initiations sont célébrées avec des "masques de feuilles" qui officient seulement entre mi-mars et les premières pluies, jamais durant l'hivernage. Ces masques sont les plus anciens et les plus rituels. Ils sont fabriqués en secret à l'extérieur des villages. Symbolisant la venue du Do, ils sortent également lors des funérailles, des initiations et des grandes fêtes rituelles de purification qui ont lieu avant l'hivernage. Une autre divinité, Lanlé, est présente chez les Bwaba du sud représentée par des "masques de fibres" n'wimbe. La signification de ces masques concerne les mythes claniques et familiaux.

MasqueLes "masques de fibres" représentent de nombreux animaux (hyène, antilope, phacochère, buffle sauvage, singe, crocodile, serpent, papillon, poisson, oiseau, hibou, insectes…) et quelques humains (le lépreux, le fou et la femme). Aux fibres qui les enveloppent, ils associent soit un masque facial en bois (l'arrière de la tête du danseur est alors dissimulé par des fibres nouées en bordure du masque et des trous de fixation sont prévus à cet effet), soit la forme dite "à lame", verticale ou horizontale. Certains motifs se retrouvent sur les scarifications que portent aussi bien les hommes que les femmes : telle la croix en forme de "X" tatouée au milieu du front. Tous ces motifs constituent le support d'un langage initiatique et symbolique sur Lanlé et évoquent l'histoire des clans accessible aux seuls initiés. Les "masques de fibres" jouent également leur rôle lors des initiations.

Masque2Accompagnées vocalement par les griots, les cérémonies de masques rassemblent tous les habitants sur la place du village. Roulement des tambours, mélodie des balafons, entrelacs sonores des sifflets et chants des initiés s’unissent en un concert multiple et enivrant. L’immense cercle se forme dominé par une multitude de masques virevoltants. Les pieds battent le sol en cadence et le tournoiement des masques intensifiant le rythme des instruments. Chaque masque mime l'animal totémique qu'il représente : le masque à tête d'antilope, se cabre, piaffe et trépigne sur place en donnant de grands coups de cornes ; le Masque Fou n'a pas de respect pour les musiciens, ni pour les autres, voila pourquoi on l' appelle " fou ". Il danse avec deux ou trois bâtons, traverse la foule, frappe les "mauvais" esprits.

Pendant ce temps, les filles revêtiront un pagne blanc. Les jeunes initiées danseront devant le village au son du tambour et montreront leur maîtrise de la danse.

Les sculpteurs de masques ont un statut particulier dans la société car ils créent un réceptacle chargé d’accueillir le divin. La fabrication est sujette à une série de sacrifices afin d’appeler l’esprit invoqué à descendre en lui, à lui donner toute sa puissance. Le chef du village de Boni est aussi le sculpteur des masques.

EgliseBoniLes religions modernes cohabitent plus ou moins bien avec ces fêtes religieuses traditionnelles.

Ainsi, à Boni, alors que le clocher de l’église catholique a été construit sous la forme d’un masque à lame bobo, les protestants évangéliques ont interdit à 10 jeunes de participer à cette initiation cette année (2 avaient été interdits lors de la dernière initiation).

Nous avons quitté cette cérémonie un peu envoûtés, la fête des conscrits (les Classes à Lyon) nous a semblé bien pâle…



Mais, comme nous a dit un ami bwaba : "L'étranger a de grands yeux, mais ne voit rien".






 

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