Un milliard d'africains, et moi, et moi...
En 1888, le premier européen a débarqué à Ouagadougou arriva dans un village de 5000 habitants.
Au lendemain de l'Indépendance, en 1960, il y en avait 60 000 et aujourd'hui le seuil des 1 500 000 est dépassé et les dernières études annoncent même 2 millions...
La ville s'accroit chaque année de 100 000 habitants supplémentaires...
Un article
tiré du Journal Le Monde présente un article du bulletin du Population Reference Bureau, une organisation
indépendante basée à Washington qui écrit "Le continent africain va franchir le seuil du milliard d'habitants
au cours de l'année 2009". Cette année marque le spectaculaire envol démographique d'un
continent resté longtemps sous-peuplé, saigné par la traite négrière (11
millions d'hommes en trois siècles) et les épidémies.
Il intervient à un moment où
inquiétudes et fantasmes se concentrent plus que jamais sur l'Afrique. Vu de la
partie développée et vieillissante du monde, le continent noir peut être perçu
comme celui de tous les dangers - pauvreté, faim, émigration, terrorisme,
conflits armés - qu'une démographie incontrôlée peut exacerber.
Alors qu'en
1950 l'Afrique (225 millions d'habitants) n'accueillait qu'un humain sur dix,
le continent abrite aujourd'hui un homme sur sept. Et cette proportion devrait
atteindre un sur cinq à l'horizon 2050, lorsque la population africaine aura
doublé pour atteindre 2 milliards.
Aujourd'hui,
déjà, un enfant sur quatre naît en Afrique, continent qui cumule les records
démographiques : la plus forte fécondité (4,6 enfants par femme contre 2,5 de
moyenne mondiale) et celui de la jeunesse (43 % des Africains subsahariens ont
moins de 15 ans). Le troisième pays de la planète par sa natalité est le
Nigeria, pays où naissent, chaque année, plus de bébés (6 millions) que dans
l'ensemble de l'Union européenne (5 millions). Quant à l'Ouganda, c'est le pays
le plus jeune du monde : 56 % de sa population a moins de 18 ans.
Ces marques
de dynamisme se doublent d'indicateurs nettement moins enthousiasmants : la
durée moyenne de la vie d'un Africain ne dépasse guère 53 ans en moyenne, soit
quinze ans de moins que la moyenne planétaire ; la mortalité infantile y est
vingt fois plus élevée qu'en Europe de l'Ouest, et la contraception 2,4 fois
moins pratiquée qu'en Europe ou en Asie.
Tout porte à
croire que la baisse de la fécondité continuera d'être plus lente en Afrique
qu'ailleurs. La polygamie, clé de voûte de la structure familiale, favorise la
multiplication des naissances. Mais cette inertie n'est pas à mettre au seul
débit des populations. L'un des principaux vecteurs de ce changement est la
scolarisation, singulièrement celle des filles, qui retarde les grossesses et
facilite l'accès à la contraception. Or, pour l'heure, seuls 30 % des jeunes
Africains fréquentent un établissement d'enseignement secondaire, soit la
moitié de la moyenne mondiale.
Si plusieurs
pays - Afrique du Sud, Namibie, Kenya, Zimbabwe - mènent une véritable
politique de planning familial, la contraception reste souvent perçue en
Afrique comme le produit d'une intervention étrangère. "Certains
responsables entonnent un discours politiquement correct, favorable à la
limitation des naissances, quand ils s'adressent aux bailleurs de fonds
internationaux, constate un observateur africain averti. Mais entre
Africains, ils n'en pensent pas un mot."
Les influences religieuses
encouragent aussi ce double langage, qui revient à présenter la contraception
comme une arme des pays riches offensant les traditions locales.
"C'est
le moment de l'Afrique. On a l'impression
que rien ne change, que les Africains ont toujours beaucoup d'enfants. C'est à
la fois vrai et faux. La réalité est contrastée entre les Etats et entre les zones rurales et urbaines.
"Les femmes et les hommes d'Afrique sont, plus qu'on ne l'imagine, prêts au changement."