Le cauri
Nurukyor Claude Somda, Professeur d’histoire à l’université de Ouagadougou rappelle qu’un franc (français) était estimé exagérément à 40 mille cauris dans certaines régions du Burkina par l’administration coloniale française.
Celle-ci trouvait-là un moyen de le faire disparaître au profit de la monnaie moderne.
A la veille des indépendances jusqu’à la dévaluation de 1994, la parité a été fixée à 1 franc CFA pour 20 cauris au Sud-ouest du Burkina.
Cette parité a progressé en faveur du cauri passant de 5 cauris contre 5 francs, il n’y a pas longtemps à au moins 10 francs pour 1 cauri dans les villages. Devenu rare, le cauri est vendu à prix d’or dans les villes où il circulent entre les mains de marabouts et des tradipraticiens.
Non seulement dévalué aux yeux du cauri, le franc CFA est aujourd’hui malmené dans des rôles dévolus aux cauris.
Le recours à la monnaie moderne dans la parure, dans les funérailles et lors des soins traditionnels s’explique par le recul de l’usage du cauri, toujours en cours, mais en voie de disparition.
La victoire du franc sur le cauri est alors partielle. Les cauris sont encore sollicités comme perles dans les coiffures avec des cheveux ornés, dans la couture, ou incrustés dans des bracelets et colliers en tissus ou en bois.
Ils demeurent dans les arts divinatoires et dans les pratiques occultes d’ensorcellement et dans la pharmacopée traditionnelle africaine."