170 millions de francophones dans le monde
A l'heure où se termine le 12e sommet de la francophonie à Québec, un article révélateur de l'enjeu de la francophonie :
" Le français aujourd’hui en chiffres ? un peu moins de 170
millions de francophones répartis dans le monde, auxquels on ajoute 85 millions
(ceux qui l’apprennent), soit environ 3,2% de la population mondiale, ce qui le
situe à la 9e place des langues les plus utilisées de la planète. Si on ose la
comparaison, l’anglais a un statut de langue officielle dans au moins 75 pays,
pour une population totale de plus de 2 milliards de personnes.
On comprend
alors que les tenants de
D’où l’inévitable
question : pourquoi le français peine-t-il tant à s’imposer ? Selon les
spécialistes, sur le plan strictement linguistique, rien ne prédispose une
langue à l’emporter sur une autre. Certains même soutiennent que l’anglais est une
des langues les plus difficiles qui soient. Et pourtant, il gagne chaque jour
du terrain. Tout simplement parce que cette domination est avant tout
l’expression de la suprématie économique et politique du monde anglophone.
Le
commun des Africains par exemple, ne dissocie pas la Francophonie
tort ou à
raison.
Entre autres choses plutôt négatives -il faut le reconnaître-
il retiendra volontiers une sévère politique en matière d’immigration, les
charters qui rapatrient les clandestins africains de France, l’église
St-Bernard devenue célèbre depuis l’été 1996, les longues files d’attente dans
les consulats français en Afrique, sous le soleil, pour quémander un visa. Pour
tout dire, la France ne fait plus rêver. Et pas davantage son français et sa Francophonie. On se
tourne alors, pragmatisme oblige, vers d’autres pays, non francophones, certes,
mais qui, au moins, ont le mérite de répondre, un tant soit peu, à vos
aspirations et à vos rêves. Ainsi est née, en Afrique, l’American dream. Le
rêve pour de nombreux jeunes Africains, qui va, forcément, de pair avec leur
désaffection face à la
Francophonie. Ils sont des milliers de jeunes Africains, à ce
jour, qui ont tenté l’aventure américaine, australienne, canadienne, anglaise,
allemande. Et ils sont encore plus nombreux, ceux qui rêvent de le faire un
jour, faisant fi de la barrière linguistique, et tenant pour principe qu’on va
volontiers à un pays qui vous aide à trouver solution à vos problèmes. On ne se
déplace pas pour un pays, avec pour seule et unique raison d’en parler la
langue. Et tant pis si la
Francophonie devait en prendre un sérieux coup.
En cela, les
chefs d’Etat et de gouvernement présents aux différentes assemblées de la
structure ne peuvent rien changer dans le comportement de l’homme de la rue.
Ils sont légion, élèves, étudiants, travailleurs africains, qui se sont essayés
à un rude parcours du combattant dans le but de décrocher un visa pour le
premier pays de la Francophonie. Parcours qui leur parut long, pénible, pour se
révéler finalement vain et décevant. A ces personnes désabusées, si vous parlez
de Francophonie, elles vous répondent qu’elles préfèrent l’anglophonie de la Green card américaine. Un
autre élément qui milite en défaveur de la structure est sans doute la Françafrique avec son
lourd bagage d’"affaires" hétéroclites où se retrouvent pêle-mêle,
soutiens indéfectibles à des dictateurs, sombres affaires de pots-de-vin,
scandales politico-diplomatiques, etc.
Le citoyen africain anonyme raisonne
très simple : "Si c’est cela la
France, elle ne fait pas mon bonheur. Je me chercherai alors
de nouveaux amis." Il revient plutôt à la France de revoir sa copie.
Et puis, ne ressemble-t-elle pas, cette Francophonie, à du prêt-à-porter pour
autrui ? Comment la France de l’immigration choisie peut-elle sérieusement demander aux Africains de
défendre sa langue ? Comment peut-elle vouloir que d’autres aiment, défendent
et fassent la promotion de son français, si elle-même, dans un souci de
recherche de l’excellence, se cultive à l’anglophonie, assimile ses manières et
ses méthodes ? Ils sont nombreux les hommes politiques français d’hier et
d’aujourd’hui qui ont acquis des diplômes dans des pays anglo-saxons et qui
maîtrisent à perfection la langue de Shakespeare. Alors les Africains de la Francophonie devraient-ils être plus royalistes que le roi ?
Un fait nouveau se donne à voir depuis relativement peu de temps en Afrique francophone, et qui est digne d’intérêt : la multiplication des écoles bilingues. Sans doute est-ce là un signe des temps. De quelle manière assureront-elles ou non la défense et la promotion de la langue française ? L’avenir sans doute le dira. Mais déjà, les adeptes de la Francophonie devront garder en mémoire qu’on ne mobilise une personne que sur la base de ses propres intérêts. Il en est de même sans doute pour les peuples"