Rood Woko
En 2003, un incendie ravageait le grand marché de Ouagadougou « Rood Woko ». C’est un énorme marché de 2500 boutiques qui petit à petit avait vu le nombre augmentait jusqu’à 3500. Le chiffre d’affaires était d’environ 60 millions d’euros. C'était le poumon économique de la ville.
L’Agence Française de Développement a pour la 1ere fois en Afrique fait un prêt directement à la mairie de Ouagadougou pour refaire ce marché (D'ailleurs, cela a tellement bien marché que l'AFD vient de signer le même type de prêt avec la ville de Dakar). Les travaux ont démarré en août 2007 pour se terminer au 1er semestre 2009. Une commission a été mise en place pour attribuer les nouvelles boutiques...
Pour que la réouverture se passe bien et que le marché ne
redevienne pas complètement anarchique comme avant 2003, il a été décidé de
rendre piétonne la zone autour du marché.
Actuellement, la police municipale met en œuvre le tout nouvel arrêté qui oblige le « déguerpissement » (c’est comme cela que l’on dit pour faire partir «) des commerces installés tout autour.
Lu dans la presse :
Les commerçants ont expliqué au directeur de la police
municipale, "le triste sort" qui les attend si la mesure de rendre la
zone de Rood-Woko piétonne est appliquée.
La police municipale,
ayant décidé d'appliquer la mesure consistant à transformer le pourtour du
grand marché Rood Woko, zone piétonne, hier 7 juin, les commerçants installés
anarchiquement aux abords ont manifesté leur colère et leur désaccord, arguant
que ladite mesure ne les arrangeait guère Il y avait grand bruit hier aux environs de 8h, autour du grand marché
Rood Woko. Des commerçants installés aux abords de ce centre de commerce,
ravagé par les flammes il y a maintenant cinq ans, des jeunes pour la plupart
manifestaient bruyamment et s'en prenaient à des barrières que la police municipale
avait installées, empêchant toute circulation d'engins aux alentours du grand
marché. Pour le directeur de la police municipale rencontré sur les lieux, il
s'agit de l'application d'une mesure prise par les autorités municipales visant
à rendre piéton, le pourtour du grand marché Rood Woko. "C'est une mesure
prise en juin 2003, après l'incendie du grand marché. Les autorités municipales
ont voulu que la zone soit piétonne afin d'éviter les encombrements que l'on a
connus avant, car il s'agit de rendre le marché beaucoup plus moderne et plus
opérationnel. Après l'incendie du marché, les autorités ont eu du mal à avoir
des financements pour sa reconstruction et donc l'application de la mesure
était inopportune, puisque le marché n'est pas fréquenté. Maintenant que la
reconstruction est très avancée, et que la réouverture du marché est pour
bientôt, il fallait qu'on commence à apprendre aux uns et aux autres, à venir à
pied au grand marché pour leurs achats", a expliqué le patron de la police
municipale, Clément Ouango.
Pour les commerçants, "installés anarchiques" aux alentours du
marché, cette mesure va à l'encontre de leurs intérêts. Car les clients qui se
sont fidélisés à cet endroit ne viendront plus. A entendre Issouf Ouédraogo,
"installé anarchique" mais ayant loué une boutique pour vendre des
marchandises, la nouvelle donne engendrera des conséquences dommageables pour
son commerce. "La location de la boutique coûte environ 2 millions par
mois et il y a les impôts et autres taxes à payer. Comment allons-nous faire si
la clientèle diminue", a déclaré, en colère,
Issouf Ouédraogo.
Abdoul Aziz Nikièma, autre "installé anarchique" prétend que
l'application de la mesure est intervenue de façon très brusque.
Pour lui, il aurait fallu que la police municipale annonce aux usagers et
autres clients des abords du grand marché, l'application de la mesure avant de
passer à l'acte.
Et lors de la rencontre, convoquée hier
soir par le directeur de la police municipale, pour mieux faire comprendre la
mesure, les commerçants n'ont pas décoléré, indiquant se battre "pour
vivre".
Mais le premier responsable des "enfants de Simon" est resté
catégorique : "il n'y a rien à faire, la mesure va être appliquée".
Et Clément Ouango de poursuivre : "si les commerçants ne suivent pas, la
situation pourrait être compliquée pour eux. Car l'anarchie ne va plus être de
mise. Il leur appartient de prendre attache avec les services municipaux afin
qu'ils puissent être recasés ou trouver d'autres endroits, pour pouvoir exercer
leurs activités".
De l'avis du directeur de la police municipale, la mesure concernera
progressivement toute la zone commerciale. Pour ce qui concerne le pourtour du
grand marché, qui sera interdit à la circulation, des laissez-passer seront
néanmoins délivrés à une catégorie de personnes pour cas de nécessité :
autorités, sécurité, presse, certains riverains et commerçants devant décharger
des marchandises.
NDLR : les « enfants de Simon » se sont tous les agents de la mairie dont le maire est Simon Compaoré. Ici, certains appellent Ouaga « Simonville »