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Famille Burkina Faso
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18 mai 2008

Un leg majeur de la civilisation africaine au monde

On considère généralement que la première Charte des droits de l’homme est la Grande Charte, rédigée par les britanniques le 15 juin 1215 où est introduite pour la première fois le concept d’ “Habeas Corpus” (aie ton propre corps), garantissant ainsi pour la première fois en Europe un minimum de droits civiques aux populations féodales.

Mais, presque simultanément en 1222, en Afrique occidentale, la Charte du Mandé est produite oralement. C’est au moment de la construction de l'empire du Mali, que le souverain Soundiata Keïta se  prépare à une lutte pour unifier le Mandingue. Il prend la tête de l’ésotérique confrérie des chasseurs du Mandé, et définit avec eux les bases juridiques de l’Empire nouveau. Il réunit tous les notables pour établir une charte de la vie commune : La Charte du Mandé

Cette charte a été transmise par voie orale. Il n'en existerait pas de trace écrite. Elle s'adresse aux « douze parties du monde ». Elle a une vocation universelle et comporte sept paroles,

  • « Toute vie est une vie »
  • « Le tort demande réparation »
  • « Pratique l'entraide »
  • « Veille sur la patrie »
  • « Ruine la servitude et la faim »
  • « Que cessent les tourments de la guerre »
  • « Chacun est libre de dire, de faire et de voir »

On trouve donc dans cette charte le respect de la vie humaine, la liberté individuelle, la justice et l'équité, la solidarité. Cette Charte du Mandé peut être considérée comme une des toutes premières chartes des droits de l’Homme, même si  d'un point de vue historique elle soulève de nombreuses questions, à commencer par celle de la fiabilité des sources orales, de leur reconstruction et de leur réinterprétation durant l'histoire

Charte du Mandé :

1. Les enfants de Sanènè et Kòntròn déclarent:
Toute vie (humaine) est une vie.
Il est vrai qu'une vie apparaît à l'existence avant une autre vie,
Mais une vie n'est pas plus "ancienne", plus respectable qu'une autre vie,
De même qu'une vie n'est pas supérieure à une autre vie.

2.
Les enfants de Sanènè et Kòntròn déclarent:
Toute vie étant une vie,
Tout tort causé à une vie exige réparation.
Par conséquent,
Que nul ne s'en prenne gratuitement à son voisin,
Que nul ne cause du tort à son prochain,
Que nul ne martyrise son semblable.

3.
Les enfants de Sanènè et Kòntròn déclarent:
Que chacun veille sur son prochain,
Que chacun vénère ses géniteurs,
Que chacun éduque comme il se doit ses enfants,
Que chacun "entretienne", pourvoie aux besoins des membres de sa famille.

4.
Les enfants de Sanènè et Kòntròn déclarent:
Que chacun veille sur le pays de ses pères.
Par pays ou patrie, faso,
Il faut entendre aussi et surtout les hommes ;
Car "tout pays, toute terre qui verrait les hommes disparaître de sa surface
Deviendrait aussitôt nostalgique."

5.
Les enfants de Sanènè et Kòntròn déclarent:
La faim n'est pas une bonne chose,
L'esclavage n'est pas non plus une bonne chose ;
Il n'y a pas pire calamité que ces choses-là,
Dans ce bas monde.
Tant que nous détiendrons le carquois et l'arc,
La faim ne tuera plus personne au Manden,
Si d'aventure la famine venait à sévir ;
La guerre ne détruira plus jamais de village
Pour y prélever des esclaves ;
C'est dire que nul ne placera désormais le mors dans la bouche de son semblable
Pour aller le vendre ;
Personne ne sera non plus battu,
A fortiori mis à mort,
Parce qu'il est fils d'esclave.

6.
Les enfants de Sanènè et Kòntròn déclarent:
L'essence de l'esclavage est éteinte ce jour,
"D'un mur à l'autre", d'une frontière à l'autre du Manden ;
La razzia est bannie à compter de ce jour au Manden ;
Les tourments nés de ces horreurs sont finis à partir de ce jour au Manden.
Quelle épreuve que le tourment !
Surtout lorsque l'opprimé ne dispose d'aucun recours.
L'esclave ne jouit d'aucune considération,
Nulle part dans le monde.

7. Les gens d'autrefois nous disent :
"L'homme en tant qu'individu
Fait d'os et de chair,
De moelle et de nerfs,
De peau recouverte de poils et de cheveux,
Se nourrit d'aliments et de boissons ;
Mais son "âme", son esprit vit de trois choses :
Voir qui il a envie de voir,
Dire ce qu'il a envie de dire
Et faire ce qu'il a envie de faire ;
Si une seule de ces choses venait à manquer à l'âme humaine,
Elle en souffrirait
Et s'étiolerait sûrement."
En conséquence, les chasseurs déclarent :
Chacun dispose désormais de sa personne,
Chacun est libre de ses actes,
Chacun dispose désormais des fruits de son travail.
Tel est le serment du Manden
A l'adresse des oreilles du monde tout entier.

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